Nous sommes vivants, apparemment. Debout. En marche. Humains. Si certains de nos yeux que nous ne doutons pas du chemin.
Quel visage si soudain notre regard croise notre reflet sur le cours du fleuve ?
Ce qui est là et qui s’effondre, pouvons-nous seulement dire que le flot s’écoule et trouble notre regard ?
Nous ne dirons jamais que nous avons fermé les yeux et que fermant les yeux nous avons ajouté de la nuit à la nuit.
Nous sommes là, debout, en marche, vivants apparemment. Humains
Et nous savons que nos yeux plongés dans la nuit ne voient que la nuit. Nous avons fermé les yeux et nous les avons ouverts. Autour de nous, il n’y a que la nuit. Une nuit que nos paupières closes ne chassent pas. Dans le reflet, nous ne voyons que la nuit sur nos yeux. Notre reflet dit que nos yeux ne portent pas la lumière. Voyant notre visage, pouvons-nous dire ce qui s’effondre ?
Nous sommes là, debout, en marche, vivants. Humains, apparemment.
Sinon le miroir du fleuve au cours insensé dans lequel flotte nos regards d’aveugle. Les yeux ouverts, nous ne voyons que la nuit. Nous ne voyons pas la lumière. La lumière n’est pas dans nos yeux. Les yeux ouverts nous sommes dans la nuit. Et notre reflet est un visage qui s’effondre.
Debout, en marche, vivants, humains ?
Nous sommes là, apparemment.
Apparemment, nous sommes-là.
Apparemment.
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Précision géographique avant qu’un esprit “bien informé” ne vienne pinailler sur un détail : Alep est traversé par la rivière Quoueiq ou Qouweiq.
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Hadi Abdullah, journaliste Syrien
” I’m trying to get the voices of the oppressed heard.”
“Nous n’oublierons jamais comment le monde a obligé les habitants d’Alep à choisir entre deux options, toutes les deux mauvaises : la mort collective ou les déplacements forcés de populations.”
Depuis cinq ans, Hadi Abdullah, 29 ans, risque sa vie en suivant la guerre en Syrie :
https://www.facebook.com/hmf5h/
https://www.youtube.com/HadiAlabdallah
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Pour mémoire:
« À Alep ce que l’humanité fait de pire est devenu la norme »
Nedzad Avdic, survivant du massacre de Srebrenica.
“Cette tragédie est le résultat de la sauvagerie des uns, de la complicité active et du cynisme absolu des autres, mais aussi de beaucoup de lâcheté et d’indifférence, de l’impuissance de la communauté internationale et de l’ONU. Alep est le symbole de l’effondrement de l’humanité”
François Delattre, ambassadeur français auprès des Nations-unies.
“Nous assistons en direct à l’éradication d’une population. Alep crève et emporte dans ses ruines, avec les milliers d’enfants, de femmes et d’hommes que nous laissons mourir, l’idée même de droit international.”
Raphaël Glucksmann, essayiste.
“ Il n’y a pas que les bombes qui tuent, il y a aussi le cynisme et la résignation. C’est une part de notre humanité qui a été ensevelie avec les femmes, les hommes et les enfants d’Alep.”
Cécile Duflo, députée .
“ Je suis bouleversé. Je suis au bord de vomir depuis plusieurs jours. C’est une horreur. Il y a probablement 400 000 morts, plus les 10 millions de déplacés et les 90 000 disparus qui ne reviendront pas malheureusement. Il y a une dizaine d’autres villes qui sont encerclées avec la famine comme arme de guerre. Les habitants, dont les enfants, sont tués. Il y a des images d’enfants qui ressemblent aux ghettos de la Seconde Guerre Mondiale, des images d’enfants qui sont affamés qui sont en train de crever de faim. Certains meurent d’avoir mangé des herbes pas comestibles. C’est monstrueux et le monde regarde ça à la télévision.”
Jacques Bérès, cofondateur de Médecin sans frontière